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Among Other Trees

Un blog sur mon quotidien à l'étranger - My Blog on my daily life abroad

Tokyo : Casser la voix ( et les pieds)

Publié le 3 Janvier 2017 par Bobbie in Pays, Culture, Decouverte, HangingOut, Activité

Attention, tenez bien les anses de vos chaises ou le cul de votre tabouret (ou bien la couverture de lit),

Mardi 3 Janvier.

Lever :

6 h 30.

Ca fait mal au yeux. Surtout après un jour de l'an. Surtout avec le jetlag qui continue d'avoir des effets secondaires. En partie parce que je suis masochiste, je me suis infligée cette peine moi-même. Le but étant d'aller à Sugamo et être à 8 heures pétantes devant le restaurant Tetsa. Il faut y prendre un ticket édition limité dans la matinée pour être sûr d'avoir une table à 13 heures. Ce restaurant propose des ramens à s'en taper les fesses par terre d'après une connaissance à Cécile. Donc:

  • se lever si tôt: succès.
  • Arriver avant 8 heures devant le local : parfait timing.

Mais grosse baffe Data Gueule... Il était fermé et ce, jusqu'au 7 janvier. Bim. Ca fait mal de louper de si bons ramens.

Bon...il y a plus qu'à faire le tour du quartier. Et c'est qu'il y en quand même des choses à voir. OK. Plus exactement : il y en a des temples à voir !

J'avais repéré sur la carte de Tokyo que j'ai oublié sur la table de chevet, un sanctuaire non loin du restaurant. Avec ma mémoire visuelle et mon sens de l'orientation, munie d'un café chaud d'un distributeur automatique, je suis revigorée. Quoique, je ne sais pas si c'est le frisson de dégoût qui m'a foutu un coup de fouet (le café est toujours sucré avec les japonais, beurk, beurk, beurk) ou le défi de mon cerveau : "vais-je le trouver ?" qui me revitalise.

Je trouve bien l'édifice au détour d'une rue alors que dans mon plan mental, il était passé derrière depuis longtemps. C'est un véritable petit bijou, calé entre deux maisons et simple comme tout. Le bien nommé : Sugamo-otori. Un autel sous quelques Tori, un autre au bout de quelques marches, il a le charme d'être petit et l'avantage d'être isolé pour profiter de sa sérénité avec seulement le fond sonore de la rue.

En remontant ensuite vers la station de trains, une rue commercial s'offre aux passants. De nombreuses boutiques de gourmandise font étalage de leurs produits. Apparemment le shio Daiguku : des boulettes de mochi légèrement salées englobant une pâte d'haricot rouge (<3) est la spécialité du coin.Juste à côté de l'entrée de la rue, se trouve le Shinshoji: un temple avec un Jizo de 3 m assis près de l'édifice. Profitant qu'il soit encore peu fréquenté, je sniffe à plein poumons l'encens qui brûle dans son coin. Autrement, je n'ai pas trouvé plus d'information à son sujet.

La rue commerciale remonte vers un autre petit sanctuaire : Sugamo Sarutahiko Koshindo que je n'ai pas repéré sur la carte, mais apparemment il est cool...Donc je vous conseille de faire toute la rue marchande, jusqu'au bout (et puis de craquer pour un Shio Daifuku !).

Pour les amateurs de plus classique, il y a le temple Koganji. Celui-là, j'ai une petite anecdote à vous faire part. Outre les grelots qui me rendent dingues (mais j'en ai déjà un sur ma sacoche qui rend fou les passants), il y a une statue de Togenuki Jizô. Et avant de savoir son nom, vous remarquerez des gens nettoyer la statue avec une petite serviette personnelle trempée dans la fontaine à ses pieds. Ils ne font pas le ménage gratis du temple. Ils lavent une partie bien particulière de la statue qui est la zone fatiguée ou douloureuse de leur corps comme le dos, les mains, le coup et la tête. Pourquoi ? A savoir que  Togenuki signifie "où l'épine est retirée" et que la statue représente  Ksitigarbha  ayant quelques vertus curatives à son effigie.

Tokyo : Casser la voix ( et les pieds)Tokyo : Casser la voix ( et les pieds)
Tokyo : Casser la voix ( et les pieds)Tokyo : Casser la voix ( et les pieds)

Après cette courte excursion dans le quartier calme de Sugamo, Cécile et moi se rejoignons pour aller à Shibuya où quelques activités nous attends encore.

Entre autre, on va de nouveau se goinfrer dans le restaurant qui distribue les sushis par soucoupe galactique. Connaissant à présent, les Dango, je me fais plaisir en dessert quitte à m'étouffer.

Si je vous parle de ça, ce n'est pas par hasard. J'en ai pas parlé pour le jour de l'an...mais lisez un peu la suite.

Il y a une plat du jour de l'an, une soupe, qui contient du mochi : les boulettes de riz.

Hors je ne ne l'ai pas commenté, mais la texture est visqueuse. Pas caoutchouteuse ni liquide mais visqueuse. Et je ne crois pas trouver d'équivalent en France ou alors la guimauve mais en moins léger.

Bref.

Dû  à sa texture, il y a beaucoup d'accident d'étouffement au Nouvel An...et beaucoup de morts par étouffement de mochi chaque année. Comme quoi manger tue, et je ferais plus attention à mes bouchées dans le futur (Mais c'est tellement bon !).

Le festin est digéré alors que nous nous rendons au sanctuaire shintoïste Meiji. Contrairement à son amplitude (le plus grand sanctuaire de tout le Japon), il n'est pas si vieux que ça. Sa construction pour les âmes du couple impérial de début 1900 date du XXe siècle. Sans compter sa destruction sous les bombardements américain, on peut dire qu'il est jeune. Pour changer, la queue est présente à l'entrée du temple. Seul bémol, la queue vaut pour tout le monde (ceux qui veulent mettre la pièce ou ceux qui veulent voir la tronche du bâtiment). Et elle est longue. Très longue. Cependant en 30-40 minutes, on parcourt les 500 m qui nous séparent du Tori principal.

Temple de Meiji : début de la queue jusqu'au lancer de pièceTemple de Meiji : début de la queue jusqu'au lancer de pièce
Temple de Meiji : début de la queue jusqu'au lancer de pièceTemple de Meiji : début de la queue jusqu'au lancer de pièce

Temple de Meiji : début de la queue jusqu'au lancer de pièce

 

Ca me laisse le temps de vous expliquer deux ou trois trucs que je vous ai réservé pour cet article.

  1. Nous avons beaucoup croisé des japonais vêtus du vêtement traditionnel, j'ai dénommé : le kimono. Bien que très joli, il n'est sorti que pour les Grands jours...Comme le jour de l'an. C'est un peu notre costume du Dimanche qui vaut 1000 boules ou alors la tenue que l'on achète pour un mariage et que l'on remet à une autre cérémonie pour la rentabiliser. L'image que l'on a du Kimono apparaît souvent sur les Japonaises...mais les hommes ont aussi le droit à une tenue qui parait plus terne et sombre en revanche. Il faut savoir que le Kimono est comme le costume breton : tout ce qui apparaît à une signification : le statut marital, l'événement et l'âge. Evidemment chacun d'entre eux possède un nom que je ne vais pas m'évertuer à écrire ici (pour ce que ça sert). Les kimonos sont la partie visible de l'iceberg...mais c'est cette parti-là que fera flancher le navire ! Les motifs brodés, leur  nombre ou répétition, la couleur, et la matière ont de quoi taper dans l'oeil. En dessous, il y a ce qui forme le Komono. C'est à dire tous les vêtements pour ne pas avoir les fesses à l'air. De nombreux accessoires viennent ajouter la dernière touche aussi bien pour les femmes que pour les hommes notamment : les Zori (ce qui s'apparente le plus à des tongs renforcés), les Tabi (ces chaussette qui font de la discrimination du plus gros orteil), les obis (la ceinture qui étouffe Mulan) etc...

    Kimono et Obi

     

  2. Beaucoup de temples ont à leur entrée, un empilement de tonneau en bois avec un joli dessin dessus. Ce sont en réalité des tonneaux en cèdre (toujours) de Saké (Komodaru), vides malheureusement et le pictogramme représente la société du producteur.  Ce sont eux, d'ailleurs, qui offre le baril au temple (même si y a des temples qui le produisent eux-mêmes, eh!). Le Kazaridaru est le mur que forme les tonneaux.  Mais qui a bu ce qui y avait dedans ? Le saké est vendu à la coupe lors des jours après le premier de l'an. Comme le vin (saké) est aussi associé aux Dieux dans ce pays, en boire équivaut à s'approcher des Dieux (pour ma part c'était juste histoire de finir pompette, hihihi <= ceci est pour mettre une pointe d'humour). Meijji a la particularité d'avoir un partenariat avec la France. Il y a donc aussi un Kazaridaru de fûts de Bourgogne dans ce temple (Mais au niveau meilleur vins, c'est pas encore ça, dixit la fille qui n'aime pas les vins de Bourgogne).

     

  3. L'Art floral. J'ai été étonnée de voir des sortes de couronnes de végétaux à chaque entrée de maison ou alors un pot avec du bamboo et autres choses autour. Ces derniers sont les Kadomatsu. La gerbe de plante que j'ai mentionné avant à l'air d'aller souvent de pair avec. Autre déco, un peu plus poétique et terriblement spirituelle, ce sont les Ikebana ; littéralement les arrangements floraux. J'en ai vu des expositions dans plusieurs temples et je n'ai pas trop compris pourquoi...sauf à supposer des conneries. Mais je me passerais de les exposer. IPQ, les Kadomatsu dérive des Ikebana. Mais bon, c'est quoi à part des fleurs? C'est une manière de composer pour tout mettre en valeur : du support à TOUTE la Plante. Chaque plante à une signification et la composition elle-même suit des règles bien fixées. Je ne vais pas vous faire un cour théorique dessus. Ce que j'en ressens, en tout cas, c'est que c'est une activité qui demande concentration mais aussi méditation. D'où la notion curative de faire des Ikebana. Concernant les Kadomatsu, il y a beaucoup plus de symbologies, déjà car 3 morceaux de bambous sont la pièce maîtresse de l'ensemble. Ils symbolisent 3 éléments et également forment des références au bouddismes. Autour, d'autres plantes y sont associées ou tressées. Non seulement chaque chose à sa signification, mais il convient d'aller les ramasser soit-même dans la forêt. Le Kadomatsu recueille le Kami (un esprit) du jour de l'an et pour le délivrer, le Kadomatsu est ensuite brûlé (dans la tradition).

    Kadomatsu

    Ikebana

  4. Les charmes. On en trouve énormément en vente dans les temples. Au jour de l'an, un en particulier ressort beaucoup : une flèche (Hamaya). C'est celle qui chasse les mauvais esprits tout au long de l'année. Elle est achetée neuve au temple dans les premiers jours de l'année et l'ancienne est rendue...Soit-disant. Bref, les flèches sont exposées d'une certaine manière dans la maison pour que la protection soit plus ou moins efficace. Outre le Hamaya, il y a les Omamori qui sont des amulettes contenant une prière de protection ou de chance. Si les gens l'achètent pour le porter eux-même, il est aussi courant de l'offrir à ses proches.

Source des images : Japon Sans Sushi et Muza-chan

Tokyo : Casser la voix ( et les pieds)Tokyo : Casser la voix ( et les pieds)

Et pour finir la journée en beauté, prises par l'enthousiasme de notre sortie du lendemain, nous nous rendons encore une fois au Karaoké pour chanter des heures à s'en casser la voix ! (Le karaoké de la veille n'a pas eu l'air de trop nous les briser).

La compagnie de  Kara (カラ) Net24 offre plusieurs salles adaptées au nombre de personne. Une fois que vous avez votre Room, personne ne vient vous faire chier, sauf si vous avez commandé un truc à boire ou à manger (c'est à ce moment là qu'on paie) ou que vous avez dépassé l'heure de réservation. Vous êtes dedans, vous faites ce que vous voulez (fumer y compris).

L'avantage d'être dans la capitale, c'est la flopée de touristes qui apprécie également ces salles privées. Donc, on a sur les tablettes connectées en Bluetooth (ils sont super modernes, les Japonnais), l'option Chanson en Anglais. Et pour ceux qui aiment le risque, il est possible de chanter en chinois, coréen et japonais avec l'aide des syllabes écrits dans notre alphabet. Cécile aime le risque. Non seulement elle arrive à tenir toute une chanson, mais en plus elle doit me supporter chanter sur des classiques dont je suis incapable de suivre le rythme ni de chanter correctement. Mon estime est mort...Il gît à présent aux côtés de ma dignité.

Parmi l'énorme liste de chansons japonaises, Cécile a la super bonne idée de retrouver le générique de Full Metal Alchemist. c'est un manga dont nous étions dingue à l'époque et c'est d'ailleurs grâce à elle que j'ai découvert la série qui passait sur Canal + je crois, à cette époque. Bref, à jamais sera associée l'image du karaoké avec Ready Steady Go! de l'Arc~en~ciel.

Le Karaoké est vraiment une activité fun. En tout cas, je me suis énormément marrée et défoulée. La prochaine fois, je ne demanderais que mieux : aller avec des japonais ! (Histoire que je me marre de leur prononciations sur les titres anglais et eux sur les titres japonais et mon accent).

 

Bim, les souvenirs !

Une dernière petite remarque, au passage.

Chanter donne soif. En dehors de la carte, il y a un accès à des distributeurs gratuits de boissons chaude et froides. Parmi celle-ci, très peu sont naturelles et vous pouvez facilement avoir le droit à la boisson bleutée pétillante qui a un gout de bonbons, mais on se demande où est la molécule non artificielle dedans. J'ai opté après plusieurs tentative par ce que j'ai cru être du thé glacé (dans le vrai sens du terme : pas de sucre ajouté, pas de colorant. C'est pas Lipton, quoi!). Le soir-même, je n'arrivais pas à dormir. Une semaine plus tard, en lisant l'étiquette de ma bouteille, je découvre qu'il s'agit du thé Barley. Ce qui n'est ni plus ni moins que du thé d'orge torréfié. Et c'est un sacré stimulant, en plus des autres propriétés curatives qu'il possède. 

Conclusion : J'aime, mais avant 17 heures du soir !

Karaoké, Ok le thé !Karaoké, Ok le thé !

Karaoké, Ok le thé !

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